Nutréa dans La revue de l'alimentation animale
Nutréa : restructure son outil et investit
Implantée au cœur du bassin d'élevage breton, l'usine Nutréa de Plouisy affiche une capacité de production de 285 000 tonnes par an. Dans une période où l'incertitude des marchés freine les dépenses, les actionnaires ont consenti en quelques années plus de 3 millions d'euros d'investissements pour moderniser et redessiner cette unité de production. L'usine dispose désormais de nouveaux atouts pour rester en tête de course. Reportage.
« Parmi les six usines de fabrication d'aliments pour animaux que compte Nutréa, l'unité de Plouisy est celle qui a fait l'objet des plus importants investissements ces dernières années », explique Frédéric Guilon, responsable industrie du groupe Nutréa nutrition animale. C'est principalement les équipements les plus anciens de l'usine qui ont été remplacés par d'autres plus performants. « La pièce maîtresse du nouveau dispositif de production, c'est la nouvelle mélangeuse. Certainement la plus rapide et importante de ce type en France à l'heure actuelle. »
Un défi technique et technologique
À en croire le responsable, les équipementiers capables de concevoir une mélangeuse rapide de 10 000 litres avec un taux de remplissage de 140 % ne se bousculent pas. « La société Stolz a été la seule capable de répondre au cahier des charges que nous avions établi », confie-il. L'intérêt d'un tel outil ? Améliorer l'homogénéité du mélange, réduire au maximum les transferts inter-lot (risque de contaminations croisées) et accroître la productivité. « Nous avons remplacé deux lignes de mélange par une seule, de capacité supérieure. La mise en place de la mélangeuse a nécessité une remise à plat du processus de dosage puisque le nouvel outil remplace deux mélangeuses de moindre capacité. » Un défi technologique pour le fabricant d'aliments, mais aussi pour les entreprises extérieures qui ont participé au projet.
Côté pratique, Sylvain Moreaux explique qu'il a été nécessaire de renforcer la structure pour supporter les 20 tonnes de l'outil et découper une partie du bardage métallique de l'usine pour le faire rentrer dans son logement au 6e étage, à l'aide d'une grue par l'extérieur de l'usine.
L'investissement relatif à la partie mélange s'élève à un total d'environ 1 million d'euros, « une somme conséquente, mais qui sera rentabilisée en seulement trois ans », assure Frédéric Guilon, confiant.
Une incorporation de précision
Désormais, l'usine Nutréa dispose d'une plus grande marge de manœuvre dans la fabrication de ses lots. « Pour un laps de temps qui ne dépasse pas 60 secondes, il est possible d'injecter de très petites quantités pour les petits lots de 2 tonnes, mais aussi de très grandes quantités pour des lots allant jusqu'à 7 tonnes », explique le responsable du site. Pour des ingrédients dont le prix est élevé, la possibilité d'incorporer de façon précise des quantités minimes permet d'optimiser le coût de l'aliment. « Les acides aminés par exemple peuvent être incorporés à 0,02 % dans un lot de 2 tonnes. C'était une demande récurrente des nutritionnistes, qui ne pouvait pas être satisfaite avec les anciens équipements. »
Les circuits d'injections liquides (dosage, sprayage,...) de la mélangeuse ont été conçus et installés par Le Garrec, entreprise bretonne spécialisée dans la gestion des fluides industriels. « Des systèmes d'injection qui s'inspirent de ce qui se fait dans d'autres industries agroalimentaires, pour une incorporation optimale », note Sylvain Moreaux.
Deux lignes de broyages équipées de broyeurs à marteaux, auxquelles s'ajoute un broyeur spécifique pour les graines de colza (les broyeurs à marteau se « bourrent » facilement avec la graine de colza) assurent le prébroyage de la mouture. Trois lignes de presses complètent le dispositif. « Une Bühler, une Stolz et une CPM, avec chacune leurs avantages et leurs inconvénients. »
Miser sur l'intelligence industrielle
L'autre investissement majeur réalisé à l'usine de Plouisy, c'est l'automatisation totale de la fabrication. Les plus anciens bâtiments de l'usine fêteront bientôt leur 40eanniversaire. Certains secteurs de l'usine n'étaient pas automatisés, et fonctionnaient avec une installation électrique devenue obsolète. « Entre 2011 et 2012, l'intégralité des circuits de fabrication a été repensée. Le process du dosage s'est ainsi doté de deux verse-sacs conçues par la société Sabe, dont l'une est exclusivement dédiée à l'incorporation de prémélanges médicamenteux », explique Sylvain Moreaux. Outre la précision du dosage et l'informatisation des données, les nouvelles verse-sacs ont permis de réduire considérablement les émissions de poussières et d'améliorer le confort de travail des opérateurs concernés.
La refonte totale du synoptique offre désormais une visibilité complète du fonctionnement de l'usine. « La conduite de process est gérée par le logiciel Nutriciel d'Actémium-Eresis. Cette interface équipe désormais tous les sites industriels du groupe », précise Frédéric Guilon.
S'il a beaucoup été question d'équipements lors de notre visite, l'aspect nutrition animale n'a pas été oublié. L'usine fabrique pour plus de 60 % d'aliments porc, destiné aux éleveurs des Côtes d'Armor et du Nord Finistère. « Nous sommes confrontés à une contraction des volumes commercialisés pour cette espèce », regrette Sylvain Moreau. Mais pas de quoi entamer l'optimisme des responsables, qui prévoit de conquérir rapidement plusieurs nouveaux marchés et trouver un nouvel équilibre dans la répartition des volumes produits selon les espèces. « 265 000 tonnes ont été fabriquées en 2013, les chiffres restent globalement stables. »
Une part des aliments produits dans l'usine contient des prémélanges médicamenteux. Une démarche de démédication est en cours, « mais elle ne pourra pas se faire au dépend des performances en élevage, prévient-il, les forces technico-commerciales mènent chaque jour un travail de conseil auprès des éleveurs, pour que des optimisations soient menées en matière de conduite d'élevage. Les conditions sanitaires, la ventilation, la gestion du bien-être de l'animal, etc. sont des préalables à la diminution de l'usage de médicaments vétérinaires. » La démédication n'est pas qu'un discours. En quelques années, le groupe Nutréa a par exemple su réduire de plus de 25 % la part des aliments médicamenteux utilisés en élevage de lapins.
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... Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 676 mai 2014